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Interview avec Valérie Castellani, chercheuse CNRS et co-fondatrice de la startup Oncofactory

24 juin 2021

Directrice de recherche au CNRS, Valérie Castellani dirige l’équipe Neuro-développement embryonnaire et pathologies au sein de l’Institut NeuroMyoGène de Lyon (UCBL, Inserm, CNRS). Elle est également co-fondatrice d’Oncofactory, une spin-off académique basée sur ses travaux de recherche et spécialisée dans la création de répliques miniaturisées de tumeurs de patients pour l’évaluation clinique des thérapies anticancéreuses. Nous l’avons interrogée dans le cadre du lancement de START(H)ER, le bootcamp 100% chercheuses 100% startups en partenariat avec l’incubateur Les Premières AURA. 

Comment en êtes-vous arrivées à vous lancer dans la création d’une startup ?

À la base je suis chercheuse au CNRS, j’ai monté mon équipe il y a une vingtaine d’années pour travailler sur une problématique de neuro-développement embryonnaire. Au fur et à mesure que mon équipe grandissait et se diversifiait, j’ai souhaité orienter une partie des recherches sur les cancers pédiatriques avec une origine embryonnaire. Cela nous a amenées, la chercheuse Céline Delloye-Bourgeois et moi, à la création d’un nouveau modèle animal efficace pour lequel nous nous sommes demandées “et s’il avait une application bien plus large et pouvait être utilisée pour le développement des molécules anticancéreuses ?” Nous avions tout de suite vu le potentiel de nos recherches et avions décidé de nous lancer dans l’aventure startup en parallèle de nos activités de recherche. Nous nous sommes rapprochées de PULSALYS pour le dépôt d’un premier brevet et le suivi des Ateliers Startups, avant de candidater au concours i-Lab pour décrocher un financement.

En parallèle, vous êtes toujours chercheuse au CNRS, que vous apporte ce double rôle ?

Vouloir créer une startup n’est pas forcément synonyme de vouloir devenir chef d’entreprise. Chacun sa spécialité et domaine de prédilection, pour autant, tout le monde s’implique et prend sa part de risques. Céline et moi voulions rester chercheuses tout en jouant le rôle d’interface dans une startup Deep Tech pour créer un flux d’innovation entre le laboratoire académique et l’entreprise. Cette position intéressante nous permet de valoriser les travaux du laboratoire. En tant que scientifiques, on peut avoir un input fort dans le business model : on est les mieux à même de connaître les limites technologiques et applications des innovations qu’on apporte ! Nous formons une vraie équipe avec notre CEO ! Bien sûr, dans notre parcours, nous nous sommes aussi tournées vers d’autres spécialistes, et notamment des oncologues et cliniciens, pour comprendre les réels besoins de l’industrie et affiner notre business model dans une logique marché-utilisateurs.

Le bootcamp START(H)ER a pour objectif d’aider les chercheuses à initier une démarche de création d’entreprise, comment accueillez-vous cette initiative ?

Le bootcamp START(H)ER est utile parce qu’il légitime les femmes dans cette activité et encourage celles qui sont intéressées par la voie de l’entrepreneuriat à prendre l’initiative de démarrer leurs projets et à croire en elles. Au CNRS, on a de plus en plus cette flexibilité pour faire une pause et se lancer dans la création d’une startup. Mais même si le CNRS organise de mieux en mieux la possibilité de combiner une activité de chercheuse et une activité de valorisation, l’entrepreneuriat reste quelque chose de nouveau et qui demande du temps. Et les mêmes freins qui s’appliquent dans la carrière académique des femmes vont, la plupart du temps, s’appliquer inconsciemment dans cette démarche de création d’entreprise. Alors toute initiative qui va aider les femmes de la recherche à se lancer me va bien. Il faut noter qu’avoir une expérience de création d’entreprise ne signe pas la fin d’une carrière académique, elle peut être une étape de notre vie ou un changement de cap drastique mais, en tout cas, c’est une des missions possibles du métier de chercheur.se.

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