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Arrivée de Marion Cheucle au poste de Développeur au sein de l’équipe Ludiglossia

20 juillet 2018

3 questions à Marion Cheucle, Développeur Pulsalys au sein de l’équipe Ludiglossia

Quels sont votre formation et votre parcours ?

J’ai suivi des études de sciences du langage à Lyon 2. A la fin de mon master, j’ai rejoint le laboratoire Dynamique du Langage (DDL) pour effectuer une thèse en « description des langues » sur le bekwel, langue bantu du Gabon parlée par près de 6000 locuteurs. Les données ont été collectées lors de trois missions de 3 à 4 mois sur le terrain dans la province de l’Ogooué Ivindo. Mon objectif était de décrire cette langue de tradition orale, très peu étudiée jusqu’alors. Celle-ci présentant des caractéristiques phonologiques et lexicales originales dans le contexte linguistique gabonais, j’ai réorienté ma thèse vers une étude comparative du sous-groupe bantu Makaa-Njem, où le bekwel fait partie de la dizaine d’autres langues parlées en Afrique centrale (Congo, Cameroun, Guinée Equatoriale, République centrafricaine). Mon étude a permis de comprendre les évolutions linguistiques au sein de ce groupe et d’expliquer certaines évolutions en bekwel. Après la soutenance de ma thèse en 2014, j’ai obtenu plusieurs contrats d’ingénieur d’étude et d’ingénieur de recherche au sein du laboratoire DDL. J’ai notamment travaillé sur un projet concernant les langues de Rhône-Alpes (Occitan, Francoprovençal).

Quelle est votre fonction chez Pulsalys ?

J’ai été recrutée par Pulsalys pour travailler au sein de l’équipe Ludiglossia du laboratoire DDL. Je suis chargée de la constitution de la base de données pour un jeu de société sur la diversité linguistique, qui devrait être finalisé d’ici l’été 2019. Je pilote la collecte des données, à savoir des noms de plats, dans 75 langues (15 langues par continent). Certaines données sont enregistrées par moi-même à Lyon, d’autres sont enregistrées par des collègues linguistes sur les cinq continents. Une fois les données enregistrées et transcrites en API (Alphabet Phonétique International), je dois les convertir en « translitération française » ce qui signifie les coder phonétiquement en m’appuyant sur les sons et les règles d’orthographe du français. Cette transcription permettra aux joueurs de lire les plats qu’ils vont entendre dans des langues qu’ils ne connaissent pas. Je suis également en charge de la production d’un livret accompagnant le jeu qui expliquera le projet, sa démarche, mais qui apportera également des informations sur chacune des langues représentées dans le jeu et sur la diversité linguistique en général.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de rejoindre ce projet et quels sont vos souhaits ?

Je suis ravie de participer à ce projet qui représente une nouvelle forme de médiation scientifique. C’est l’occasion d’utiliser mes connaissances et celles de mes collègues pour les partager avec le grand public sous un autre angle : celui du jeu. Ce projet me permet aussi d’être à nouveau « sur le terrain » et au contact de locuteurs de différentes langues. Bien que les situations soient très différentes les unes des autres, je retrouve des problématiques similaires et souvent un sentiment d’insécurité linguistique. Même si je ne collecte pas toutes les données moi-même, ce projet me donne l’opportunité de voyager grâce au contact avec des collègues et des locuteurs aux quatre coins du globe. C’est aussi l’occasion d’entendre des langues que je n’ai jamais entendues et de réaliser encore une fois à quel point les langues sont multiples, diverses, complexes et vecteurs de communication ! Je souhaite relever le défi d’offrir aux joueurs une palette linguistique la plus variée, diverse et surprenante possible à travers pas moins de 75 langues !