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Portrait de Manuel Rosa-Calatrava, serial chercheur-entrepreneur au laboratoire VirPath et co-fondateur de 2 startups soutenues par PULSALYS

14 December 2020

A l’occasion de la newsletter de ce mois dédiée aux serial chercheurs-entrepreneurs, nous sommes partis à la rencontre de Manuel Rosa-Calatrava, co-fondateur et membre du board de 2 startups soutenues par PULSALYS : Signia Therapeutics et Vaxxel. Manuel Rosa-Calatrava est Directeur de recherche à l’Inserm et co-directeur du laboratoire de Virologie et Pathologies humaines (VirPath) avec Bruno Lina, au sein du Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI : UCBL, ENS de Lyon, INSERM et CNRS). Nous sommes allés l’interviewer pour en savoir plus sur son parcours.

Vous êtes à l’origine de la création de 2 startups : comment passe-t-on de la recherche à l’entrepreneuriat ?

Cette démarche de valorisation de la recherche académique qui s’est traduite par la création de startups s’inscrit véritablement dans une démarche personnelle. Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours essayé de donner un sens et un enjeu à mon travail de chercheur en santé humaine. Mon ambition a toujours été de pouvoir contribuer à amener sur le marché de nouvelles solutions prophylactiques ou thérapeutiques dans mon domaine d’expertise qui est celui des infections virales respiratoires. Il est aussi important de rappeler que la valorisation de la recherche académique fait partie intégrante de la mission des chercheurs des EPST et des Universités. Avec cet objectif, nous avons mis en place une politique volontariste de valorisation de la recherche et de propriété industrielle au sein de notre laboratoire, qui s’est notamment traduite par la création d’une plateforme de recherche technologique (VirNext) soutenue par les filiales de l’Université Claude Bernard Lyon 1 (Lyon Ingénierie Projets et EZUS) et la constitution d’un portefeuille de 18 familles de brevets allant jusqu'au transfert de ces innovations vers les startups issues du laboratoire accompagné par PULSALYS.

Pourquoi vous êtes-vous orienté vers la création de startup ?

La création de startup s’inscrit dans la continuité de notre démarche de valorisation de la recherche menée au sein de VirPath. Grâce aux lois françaises sur l’innovation et à un très grand nombre de dispositifs et leviers, tels que ceux proposés par Bpifrance par exemple, la création de startups constitue un réel outil d’accélération du transfert des innovations vers la clinique et l’industrie et permet ainsi la création de valeurs non seulement scientifiques et médicales, mais également économiques et sociétales. Les startups permettent d’initier le développement technologique, clinique et réglementaire des innovations de rupture issues de la recherche académique, avec l’objectif à termes d’accéder au marché et ainsi déployer de nouvelles solutions de traitement, de diagnostic ou de prévention.

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Selon vous, quels sont les facteurs clés de succès de ces projets ?

Tout d’abord, il a fallu bien maturer nos stratégies et nos approches technologiques avec l’équipe scientifique et nos partenaires, puis mettre en place un cadre contractuel entre le laboratoire académique et les startups, pour soutenir le mieux possible leur développement initial. Il est très important également de bien savoir s’entourer car en tant que chercheur, nous ne sommes pas formés initialement aux domaines de l’entrepreneuriat ou de la gestion d’entreprise, et encore moins lorsqu’il s’agit de lever des fonds auprès d’investisseurs. Nous nous sommes donc associés avec des acteurs lyonnais très expérimentés issus des biotech et/ou de l’industrie pharmaceutique et nous nous sommes également entourés de cabinets conseils très spécialisés, ainsi que de Business Angels, qui par leurs investissements personnels, nous ont permis de démarrer rapidement le plan de développement des sociétés. Les succès des deux startups aux concours i-Lab 2017 et 2019, ainsi que le succès en 2020 pour Signia Therapeutics au concours E.I.C Accelerator H2020 de la commission Européenne, ont été de formidables leviers de développement et de visibilité. Je pense aussi que les scientifiques co-fondateurs qui portent l’innovation de départ et qui connaissent bien leurs domaines d’expertises scientifiques et technologiques, ont un rôle central à jouer au cours des premières années de développement des startups. Enfin, l’entrepreneuriat, c’est avant tout une aventure humaine, et il faut une grande cohésion entre les membres de l’équipe et du board, qui doivent avoir une vision stratégique commune à court et moyen terme pour le projet.

Avez-vous déjà pensé à être CEO ?

Pour commencer, il est nécessaire d’avoir une compétence robuste en stratégie et gestion financière, administrative et commerciale d’une entreprise Deep Tech, et je ne pense pas être la personne la plus qualifiée pour mener à bien ce type de mission. Avec l’équipe de co-fondateurs scientifiques, nous avons donc choisi de nous entourer d’acteurs expérimentés dans ces domaines afin qu’une synergie se crée et permette de faire grandir le mieux possible les pépites issues de notre laboratoire. De plus, mon implication et ma responsabilité de direction au laboratoire VirPath ne me permettent pas de m’engager pleinement dans une telle aventure qui nécessite d’être impliqué à 150%. Ce qui me plait aujourd’hui, c’est d’être aux côtés de mon équipe au laboratoire et de m’investir dans les nombreux programmes de recherche que nous menons dans les domaines des antiviraux, des vaccins et de la décontamination microbiologique, et qui pourraient aboutir à de nouvelles innovations, qui feront l’objet de nouvelles créations à l’avenir. Ce qui me motive, c’est aussi d’animer une interface très opérationnelle entre le public et le privé pour développer et pérenniser la recherche collaborative, autant avec les startups, TPE et PME notamment de notre écosystème qu’avec les groupes pharmaceutiques, qui est à mon sens la clé du succès dans l’innovation Deep Tech.

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Qu’est-ce qui vous anime et que vous apportent personnellement ces projets ?

C’est déjà le fait de me sentir utile en tant que chercheur académique avec la satisfaction de contribuer à créer de la valeur scientifique, médicale, économique et sociétale. Grâce à notre modèle de recherche intégrée ouverte à l’industrie, notre agilité économique, notre logistique et nos expertises, nous avons par exemple pu être très réactifs face à la pandémie et ainsi développer dès février plusieurs modèles précliniques d’infection, certains notamment avec des TPE et PME dynamiques de notre région, comme Cynbiose et Epithelix en particulier. Cela nous a permis d’évaluer en quelques mois près de 200 composés et de contribuer ainsi à la mise en œuvre de 4 essais cliniques. Un brevet d’invention protégeant une molécule repositionnée a été déposé par notre laboratoire et Signia Therapeutics et nous avons publié 8 articles scientifiques dans des journaux internationaux à comité de lecture. Sur le plan économique, la constitution d’un portefeuille de brevets et la création d’une plateforme technologique (VirNext), d’une société de service dans le domaine de la décontamination microbiologique (VirHealth) et de deux startups Deep Tech illustrent notre action de ces 10 dernières années et permettent d’envisager un retour sur investissement vers l’Etat et nos établissements qui ont largement financé notre recherche académique. Enfin, la valeur sociétale de notre démarche entrepreneuriale est très importante à mes yeux, avec notamment la formation par la recherche et la pérennisation de l’emploi de plus d’une vingtaine de collaborateurs, pour la plupart des étudiants qui ont commencé leur parcours professionnel dans notre laboratoire.

Quels conseils donneriez-vous à des chercheurs qui souhaitent entreprendre ?

Il est primordial de donner un sens et un enjeu à son travail de chercheur, il faut aussi avoir l’envie d’amener des innovations sur le marché. Ensuite, il faut mettre en place une politique de valorisation et de propriété intellectuelle afin de protéger les innovations issues des laboratoires universitaires. Il faut aussi être très actif dans l’écosystème et en particulier celui de notre pôle lyonnais d’excellence, sortir de son laboratoire, s’ouvrir aux acteurs socio-économiques qui peuvent intégrer ou soutenir le projet entrepreneurial et aller échanger très en amont avec des structures de valorisation comme PULSALYS, INSERM Transfert ou CNRS Innovation et de gestion de projets comme les filiales de l’Université Claude Bernard Lyon 1 pour être accompagné avec bienveillance et professionnalisme dans son projet de création.